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Camille Pin : Une niçoise qui en veut ..

Posté par aucomptoirdesports le 24 novembre 2010

 

Camille Pin : Une niçoise qui en veut .. dans Rencontres avec le Haut Niveau camillepin
Camille Pin est une ex joueuse de tennis qui a passé une dizaine d’années dans le top 100 mondial. Après avoir mis un terme à sa carrière en mai 2010, cette toute jeune retraitée (29 ans) n’en demeure pas moins très active en dehors des courts. Avec elle, nous revenons sur son parcours et le tennis français en général.

Est ce que ça te manque ?

Bizarrement pas du tout ! Même quand je vois les autres jouer alors qu’avant la compétition était mon moteur. Mais, j’ai tellement donné physiquement et mentalement pendant 15 ans que j’ai envie de décompresser.

Qu’est ce qui t’a amené au tennis ?

J’ai eu la chance d’avoir une famille qui jouait énormément en loisir. A 5 ans, j’avais déjà une raquette dans la main. Et je suis entré en club à l’âge de 8 ans et ça s’est enchaîné très vite puisqu’à 12 ans j’étais déjà en équipe de France.

Tu savais déjà que tu voulais être professionnelle ?

Ah non ! Moi ce qui m’importait c’était de faire ma carrière et d’évoluer sereinement en marge avec une structure privée.

Justement peux tu nous parler du Lagardère Paris Racing ?

Quand ils m’ont présenté leur projet, je n’ai pas hésité une seconde. En arrivant sur Paris, j’ai découvert une structure très pro avec des méthodes très poussées. Par exemple, on subissait des tests salivaires pour mesurer notre taux de fatigue et notre capacité à encaisser certaines séances. Et puis nous étions mélangés avec des athlètes d’autres sports. Il y régnait vraiment une ambiance extraordinaire. L’expérience s’est arrêtée récemment. Pour ma part, je pense qu’ils ont donné trop de moyens sur une courte période. Là on passe de tout à rien et c’est dommage. Mais Lagardère est toujours présent dans le management.

Combien de coachs ont compté dans ta carrière ?

J’ai toujours ressenti le besoin de sentir que l’on croyait en moi d’où l’importance de la structure privée. De 5 à 17 ans je suis restée à Nice avec le même entraîneur mais il n’a pas pu me suivre lorsque j’ai commencé à faire quelques grands déplacements. Et c’est Eric Brémont qui a pris la relève. Je suis resté avec lui pendant 8 ans au cours desquels je suis passé de la 500è place à la 60è. Et j’ai rejoint le Lagardère Paris Racing pour les 3 dernières années de ma carrière.

Que t’a apporté Eric Brémont ?

Bien sûr, il m’a fait passé des caps techniquement mais il m’a aussi apporté  plus de précision dans ce que je faisais, privilégier la qualité à la quantité. A 17 ans j’étais motivée et je voulais en faire des tonnes mais je travaillais mal. En ce sens il m’a fait comprendre qu’il valait mieux parfois une journée de repos à 5H de travail non stop. Et puis on a partagé pas mal de moments difficiles…

Quels sont les pires souvenirs de ta carrière ?

Comme dans la vie, il y a beaucoup de bas parce que tu as beau faire un super match la veille, mais si le lendemain tu te rates, cela suffit pour perdre confiance. C’est la particularité du tennis. On joue toutes les semaines et il est par conséquent impossible de gagner tout le temps. Il faut savoir gérer l’échec. Ces moments sont difficiles parce qu’on est seul, on est loin…

Ton coach ne te suivait pas ?

Non, pas tout le temps car déjà cela coûte très cher et en plus il avait une autre joueuse en charge donc on se le partageait. Il arrivait donc que je fasse une tournée US de 4 semaines pendant qu’elle était en Europe donc il ne pouvait pas nous suivre.

Pas évident de trouver la motivation dans ces moments là ?

Je ne parlerai pas de motivation car on a toujours envie ! Mais j’insisterai plus sur le fait d’aider à tenir dans la difficulté du moment. Ce qui est dur c’est de s’impliquer totalement physiquement, mentalement et financièrement et de voir qu’il n’y a pas de résultats. Tu fais des sacrifices en passant à côté de moments importants avec tes proches. C’est là que c’est dur.

Avec le recul, tu ne te dis pas que tu aurais été meilleure si tu avais fait d’autres choix ?

Bien sûr, mais c’est l’autre particularité du tennis. Que je m’entraîne avec X ou Y, au final c’est moi qui décide de me rendre sur tel ou tel tournoi. Valait il mieux que je me repose quitte à perdre les points acquis sur un tournoi ou que j’aille les défendre coûte que coûte ? C’est donc une prise de tête permanente.

Tu comptes des sélections en Fed Cup ?

Non, c’est l’un des immense regrets de ma carrière mais je suis tombé dans une période où le tennis féminin français était au top. Pourtant, j’étais prête. Je rêvais pourtant de porter le survêtement de l’équipe de France même pour m’asseoir sur le banc… Pareil pour les Jeux de Pékin où je suis dans la forme de ma vie et où Golovin tergiverse longtemps avant de déclarer forfait. Trop tard pour que l’on me donne ma chance… Je ne comprends pourquoi les joueurs se posent tant de questions quant à leur participation à cet évènement planétaire qui réunit toutes les disciplines une fois tous les 4 ans.Alors qu’un grand chelem, c’est tous les ans. Mais c’est parce que j’ai été très proche d’y aller que c’est si difficile à accepter. Mais j’aurai mérité de participer à ces deux aventures.

Tu as quand même vécu de bons moments ?

Toute la période où j’étais dans le top 60 ( 2007-2008) et où je jouais le tableau final  de chaque grand tournoi et où j’affrontais des joueuses du top 10. Dans ces moments, tout prend un sens et tu te dis que ça valait le coup d’en baver car tu n’es pas arrivée là du jour au lendemain.  C’était une revanche par rapport à tous les gens qui ne croyaient pas en moi.

Et puis il y a eu  ce fameux match contre Sharapova (Melbourne 2007, menée 5-0 dans le dernier set, elle s’incline finalement 9-7)

Oui effectivement, je pensais que j’allai avoir peur de jouer sur ce gros court mais ce fut vraiment fabuleux. Et dans ce match, il y a tout eu, suspense, ambiance de folie, chaleur étouffante  (41°C). Cela a duré plus de 3H. J’aurai aimé gagné mais je suis tellement allé au bout de moi-même que je n’ai pas de regrets.

Qu’est ce que tu réponds aux gens qui disent que le niveau du tennis féminin français est vraiment faible ?

Je suis plutôt d’un naturel optimiste mais c’est vrai que là, on observe une certaine désertion chez les  jeunes. Avant, il y avait au moins 2 ou  3 filles qui dominaient leur catégorie d’âge, aujourd’hui, c’est un peu plus problématique. Quand j’étais n°60 à la WTA, je n’étais que la 8è française… Aujourd’hui la donne est différente. Est ce que c’est lié à un problème de formation ? Difficile pour moi de répondre à cette question dans la mesure où je suis dans le circuit pro depuis longtemps. En revanche, je pense que c’est tout simplement un phénomène de société.

Ton expérience de capitaine du L.P.R (Lagardère Paris Racing) aux interclubs te donne t’elle des envies de coaching ?

Pas du tout !! Être capitaine est une belle expérience. J’essaie de booster, rassurer les filles comme N.Tauziat l’avait fait avec moi avant. Mais aujourd’hui, ma priorité c’est ma reconversion professionnelle liée marketing sportif. Je vais commencer un Master à l’ESSEC en alternance avec Lacoste (mon équipementier depuis plus de 10 ans). A part ça, je suis consultante pour Canal plus, j’ai réalisé quelques plateaux pour InfoSport et je réaliserai quelques chroniques pour L’Equipe.

Depuis ta retraite de sportive, tu n’as donc pas eu de temps mort ?

Non, mais je m’en suis donné les moyens ! Ma carrière m’a montré que rien ne tombait du ciel et  qu’il fallait s’impliquer pour aller de l’avant.

Un petit mot de la consultante sur la finale de la coupe Davis

Je suis très sceptique car ayant joué dans les pays de l’Est, je sais que l’atmosphère peut y être particulièrement détestable. Et   les français aiment bien jouer avec le public mais quand il est positif. Le côté psychologique sera très important. Avec G.Monfils, c’est du quitte ou double. Je m’en fais moins pour Mika qui m’a l’air d’avoir plus de recul et de maturité pour gérer ce type d’évènements.

Un grand merci à Camille Pin pour cet entretien

Pour le plaisir petite vidéo  de Melbourne où elle a failli faire craquer Sharapova

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Joseph Bissang, un arbitre au top !

Posté par aucomptoirdesports le 16 juillet 2010

 

Joseph Bissang

 

Vous n’avez pas Sport Plus et vous êtes loin du basket français ou de l’Euroligue. Son nom ne vous dira peut-être rien, pourtant Joseph Bissang est l’un des meilleurs arbitres de Pro A. Il officie en Euroligue ou encore lors des championnats du monde jeunes.  Il a accepté de nous livrer son regard sur le Jeu (qu’il affectionne tant) et sa profession d’arbitre (si décriée dans d’autres sports).

Qu’est ce qui t’a poussé à devenir arbitre ?

Au départ, je ne pense pas que j’étais fait pour être arbitre. J’ai commencé à jouer à l’âge de huit ans tout à fait par hasard. Et c’est tout naturellement que je suis tombé amoureux du jeu. En minimes, un grand Monsieur, Alain Crampe, mon responsable de club m’a orienté vers le Racing où j’ai fait mes classes.  L’envie de mieux saisir la difficulté technique de certains arbitres et au gré d’une rencontre avec Gilles Bretagne, l’idée de devenir arbitre de haut niveau a fait son chemin et m’y voilà aujourd’hui.

Quel est ton quotidien aujourd’hui ?

Sur le plan de l’accompagnement, l’inverse d’un joueur. Tu es obligé de te prendre en main tant au niveau de la préparation physique  que mentale. Il faut être bien physiquement jusqu’à la dernière minute et au-delà afin de limiter les erreurs dans les moments clés. Cela passe  par visionner les rencontres des matchs précédents afin de traquer les erreurs, le placement, la prestance, l’image que l’on renvoie aux différents acteurs. Corriger et remédier pour les rencontres suivantes.

Cela doit te prendre du temps ?

Oui ça prend du temps ! Je me documente sur l’environnement basket, j’essaie d’avoir une condition physique optimale. Je démarre souvent le visionnage de mes matchs dans le train et cela prend plusieurs heures. Au niveau international, il faut être présent la veille de la rencontre et en France au moins 3-4 Heures avant. Cela nécessite donc de trouver le bon équilibre tant dans la vie professionnelle que familiale.

Est ce que tu as des retours sur ta pratique et est ce que l’on te donne les moyens de tes ambitions ?

Des anciens arbitres viennent nous évaluer pour nous dire quels points travailler. J’essaie de mettre tout ça en parallèle avec mon analyse vidéo. Les salles nous fournissent les images du match à l’issue de chaque rencontre. Dans l’absolu, j’aimerais avoir une fiche sur chaque joueur, entraîneur et même arbitre afin d’en connaître les qualités et les défauts techniques. Ceci me permettrait d’avoir plus de maîtrise et pouvoir répondre de façon adéquate aux problèmes auxquels je suis confronté.

Une fiche sur les arbitres ?

Oui, il faut savoir que contrairement au football par exemple le trio arbitral est désigné avant chaque rencontre de ProA. Le 1er arbitre est là pour trancher s’il existe un litige sur la rencontre. Cela demande donc une certaine adaptabilité et rapidité quant aux éventuelles décisions à prendre. Et pour les joueurs et entraîneurs, c’est pareil. On connaît rapidement tous les joueurs et il est important de savoir celui qui va donner le rythme et le ton de la rencontre que ce soit au niveau de l’agressivité physique ou verbale de la communication ou du jeu tout simplement. Il est donc important de donner les informations à mes collègues afin de fixer un cadre à la rencontre et que les joueurs n’en sortent pas.

Justement quelle image penses tu renvoyer aux joueurs ?

J’espère qu’elle a évolué ! (Rires) Venant du jeu, j’étais beaucoup trop strict au début. Je remettais très vite en place les joueurs qui étaient border line. Ils ne l’acceptaient pas forcément même si les décisions étaient justes… Mais j’ai appris à me remettre en cause au fil du temps, des visionnages vidéos, des remarques des uns et des autres (managers, évaluateurs, formateurs, joueurs, coachs..). Un arbitre doit avoir « une main de fer dans un gant de velours ». Il faut savoir recadrer et cela passe parfois par un geste, une tape, un regard, une sanction. On peut même chambrer à partir du moment où le joueur est dans cet état d’esprit.

Tu as du connaître des hauts et des bas depuis le début de ta carrière ?

Les bas servent à se poser les bonnes questions et rebondir. Mes premières années en Pro A n’ont pas été faciles mais cela a été un passage obligé pour continuer dans le bon sens. Je relativise le classement et je me donne les moyens d’avancer.

Il y a eu des hauts aussi comme cette consécration de meilleur jeune arbitre en 2006 ?

C’est sûr que cela fait toujours plaisir d’être reconnu par ses pairs. Mais l’un des moments forts fut ma première semaine des As à Clermont en 2003. Je savais que je n’avais pas le niveau. C’était un test et on me faisait confiance. Il fallait que je la mérite ! Et faire partie du trio qui a arbitré la finale a été une véritable satisfaction. Et puis en Euroligue, arbitrer dans une salle aussi mythique que Barcelone a été un grand moment.

Justement comment gères tu l’ambiance de ces rencontres européennes parfois très hostile ?

Très sincèrement, l’ambiance qui règne dans les salles n’affecte pas mon jugement.Le public aussi festif et hostile soit-il, doit jouer son rôle. Moi je ne m’occupe de ce qu’il se passe sur le 28/15. Et puis cela a bien évolué depuis 10 ans.

D’ailleurs, le corps arbitral subit moins d’attaques que dans d’autres sports (rugby, foot) !

Au basket, on a la chance d’avoir des joueurs responsables qui se respectent entre eux. Et ce respect, ils nous le donnent également car nous sommes au centre du jeu et garants d’une certaine équité. Mais bon, il ne faut pas se leurrer. Dans les divisions inférieures dans lesquelles j’ai beaucoup exercé, c’est beaucoup moins rose. Il faut responsabiliser les adultes qui ont à faire à de jeunes arbitres en formation tout autant que leurs jeunes…

Quels conseils donnerais tu à un jeune qui souhaite devenir arbitre ?

Je lui demanderai pourquoi ? Et puis je lui dirai de continuer à jouer car ce sont les situations vécues dans le jeu qui permettent de mieux appréhender certaines situations.

Pour en revenir au Jeu, à quel niveau situes tu le basket français ?

Contrairement aux idées reçues, le basket français est assez reconnu. En championnat d’Europe ou du monde jeunes, l’équipe de France est régulièrement médaillée. En NBA, c’est la nation la plus représentée. En Europe, des jeunes joueurs comme Nando De Colo arrivent à s’imposer dans des clubs comme Valence (Ce n’est pas rien).

On tend de plus en plus à se rapprocher des règles NBA, qu’est ce que tu en penses ?

C’est bien de vouloir uniformiser mais quel impact sur la dimension collective et physique du Jeu ? Je suis en attente de voir le réel impact sur le basket français.

Le règlement justement, la défense de Linehan a été sujette à polémique. Comment tu gères ces moments là ?

John Linehan a une défense particulière car il est petit très rapide et très physique. Kobe Bryant dit que c’est le joueur qui lui a donné le plus de difficultés en défense. Sa défense est reconnue et elle est propre. Quand on a à faire à ce genre de joueurs atypique (Sciarra, Rigaudeau, Muresan…), il faut s’adapter et communiquer encore plus dans le trio arbitral. La ligne de conduite est de ne pas sanctionner le joueur s’il ne le mérite pas. Et donc rester très vigilant.

Quels sont les joueurs qui t’impressionnent le plus ?

J’aime bien l’humain avec un grand H alors je peux dire que j’admire des gens comme l’abbé Pierre ou  N.Mandela qui sont de vrais humanistes. Il faut garder à l’esprit que le basket est avant tout un sport. Et les joueurs qui allient le professionnalisme avec cette vision du jeu vont avoir ma sympathie. Il y en a encore beaucoup en activité mais pour n’en citer qu’un, je dirai Tarik Kirskay qui est un joueur ex-tra-or-di-nai-re ! Pourtant, c’est le seul joueur que j’ai exclu pour un mauvais geste. D’ailleurs je ne comprends toujours pas ce qui lui est passé par la tête.

Quelles sont tes ambitions ? Les championnats du monde ? Les Jeux Olympiques ?

D’abord et avant tout progresser et franchir les étapes une par une. Après si je mérite d’aller dans ces championnats ou Jeux et que j’y suis, tant mieux ! En attendant pour les prochains mondiaux, il y a deux excellents arbitres français que sont David Chambon et Eddie Viator, et j’espère qu’ils iront le plus loin possible.

Et ton après carrière, comment l’envisages tu ?

Pour l’instant je me consacre à fond à l’arbitrage (la fin de carrière d’un arbitre en Europe est fixée à 50 ans et en France, il n’y a pas de limites).Mais ce qui est sûr, c’est qu’en étant un inconditionnel du jeu, je resterai dans le basket que ce soit l’entraînement ou l’arbitrage.

Un grand Merci à Joseph Bissang pour sa disponibilité et une bonne continuation pour la suite de sa carrière.

 

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2 Garçons plein d’avenir …

Posté par aucomptoirdesports le 11 novembre 2009

Bruno Bertogal Toumany Coulibaly

Après avoir rencontré P.J Vazel, Maryse Ewanjé-Epée, Salim Nedjel et Ibrahim Diaw (rubrique : Rencontre avec le Haut Niveau) nous allons aujourd’hui faire la connaissance de deux jeunes athlètes en devenir licenciés au club d’athlétisme de l’E.S Montgeron.

Après un rapide passage dans le football, Bruno Bertogal a intégré l’école d’athlétisme de l’E.S.Montgeron dès la catégorie minimes. Après quelques séances de sprints, il se dirige naturellement vers les haies. Pour ses premières années cadets, les résultats ne sont pas au rendez-vous, mais c’est dans la catégorie junior que le grand échalas prend son envol. Les haies sont plus hautes (99 cm) et plus adaptées à son grand gabarit. Il réalise les minimas (14″36) pour le mondial junior 2008. Malheureusement, il échoue de peu aux présélections. L’année suivante, il finit sur la 3ème marche du podium des championnats de France en 14″16. Il aborde cette nouvelle saison en tant qu’espoir avec un « statut » à confirmer mais il ne se met pas plus de pression qu’il n’en faut, dans la mesure où c’est le début d’une nouvelle aventure qui s’offre à lui avec des haies plus hautes (1M06) et des nouveaux adversaires. A partir du moment où il est dans les startings blocks, l’important c’est de se donner à fond. Toujours à l’écoute d’un coach très présent et impliqué dans la vie de ses athlètes, il n’en écoute pas moins les conseils avisés (diététique, technique, motivation…) de Johanna Bujak et d’autres athlètes confirmés du club, car il sait qu’il doit encore progresser techniquement et physiquement. D’ailleurs, si notre jeune étudiant en éco-gestion ne se fixe pas d’objectifs précis pour cette première année, il espère se rapprocher le plus possible de 14″ et plus si affinité.

Regard du coach J.M Pégain : « Bruno, c’est un faux calme ; il cherche à cacher, ou à contrôler, son anxiété par une certaine nonchalance en compétition.
L’un entraînant un risque de faux départ toujours latent, l’autre des « erreurs » d’échauffement.
Toutefois,son explosion en Juniors, et surtout en Juniors 2 est due, entre autre, à une meilleure approche de la compétition, où, il apparaît moins spectateur pour devenir acteur.
Mais la pression est toujours présente. l’explosion de joie suscitée par sa troisième place aux France Jeunes était largement à la hauteur de sa déception associée à sa quatrième place au France Indoor, l’hiver dernier. Alors même que cette quatrième place s’inscrivait dans le cadre d’une saison hivernale particulièrement éprouvante.
Tout cela donne des situations émotionnelles lourdes, tant dans réussite que dans l’échec et il faut parfois trouver les bonnes paroles.
Pour ce qui est des conseils prodigués par les autres athlètes, Bruno est effectivement avide et attentif, même si j’aimerais parfois qu’il sache mieux faire le tri, que se soit sur le suivi médical, l’échauffement ou même encore la diététique.
Maintenant, j’attends avec impatience les premières courses avec des haies à 106, même s’il a déjà couru sur cette hauteur en …. Cadets, au meeting de Montgeron.
Ce début de saison est un peu laborieux du fait de douleurs récurrentes et nous ne savons pas encore quand Bruno effectuera sa rentrée. »

Pour Toumany Coulibaly, la trajectoire est beaucoup plus atypique mais ô combien comparable à nombre d’athlètes. Ce jeune étudiant en BTS de 21 ans, ex handballeur, a découvert l’athlétisme sur le tard. Pourtant ses professeurs d’EPS au lycée qui avaient déjà décelé un talent certain (3x 500M en 1’10/1’10/1’12 !!), tout comme son entraîneur de hand convaincu par ses qualités de vitesse, ont tenté de le guider vers les pistes. En vain… C’est surtout un de ses amis qui après avoir organisé de nombreuses « courses de rue » (régulièrement  mis au défi par d’autres jeunes) certainement las de ne trouver aucun adversaire à sa taille l’incite à rejoindre un club. Quelle chance pour l’ESM ! La première année en athlétisme est souvent celle de l’insouciance. Quand lors des 1ers championnats départementaux en salle, son coach le met en garde contre des rivaux ayant déjà fait leurs preuves, il ne se défile pas et réalise 6″10 sur 50M puis 7″10 sur 60M aux régionaux (à 1 centième des minimas pour les France). Malgré une blessure aux adducteurs (merci le handball…), le meilleur reste à venir avec une saison estivale pleine de promesses (10″80 sur 100M et 21″60 sur 200M). Alors qu’il débute seulement sa deuxième saison, il est désormais attendu au tournant. Mais, c’est quand il se sent observé, épié qu’il se transcende. Toumany a conscience qu’il doit s’améliorer techniquement afin de progresser et c’est auprès de Bruno Bertogal qu’il trouve son émulation. De même, le fait d’entraîner les jeunes lui fait prendre conscience plus précisément des gestes qu’il doit travailler. Vous avez dit perfectionniste… Autre fait qui montre que cet athlète a bien la tête sur les épaules. Malgré ses énormes qualités, il n’oublie pas que son entraîneur n’est pas un simple débiteur de fiches d’entraînement lorsqu’il le voit courir d’un groupe à un autre ou se déplacer spécialement pour constater si un exercice de musculation a été correctement réalisé). Qu’on se rassure, le handball ne lui manque pas trop si ce n’est l’esprit de « déconnade » qui y règne  car lui, c’est « un vrai clown ».

Regard du coach J.M P : « Toumany, c’est autre chose, comme tu l’écris, c’est un athlète tout neuf, qui a encore de nombreuses choses à apprendre, et qui apprend très vite.
Sa décontraction et son esprit de compétition ont fait qu’il a pu réaliser une première saison extraordinaire, malgré des « erreurs » qui auraient pu coûter extrêmement cher à n’importe qui d’autre. Mais il faudra qu’il apprenne à être plus prudent, car plus l’on est « affûté » et plus l’on est fragile.
L’enjeu aujourd’hui sera de constater si après une première saison, où tout c’est bien passé, entre autre parce que chaque tour passé était du bonus, face à des objectifs et des enjeux, Toumany saura garder cette distance face à la compétition qui lui permette d’aborder chaque course sans pression. Je garde en mémoire la finale du 200 m au France où en voulant regarder à quelle place il se situe, il fait une faute, marche dans le couloir 7 et se fait disqualifier. »

Les voies de l’athlétisme sont impénétrables. Combien de jeunes talentueux se sont cassé les dents en arrivant dans le monde des séniors ? Les raisons ne manquent pas. Difficile de concilier la vie de jeune adulte avec une vie d’athlète qui se veut parfois très contraignante. Mais nos deux montgeronnais sont conscients des étapes qu’il leur reste à franchir et ils se sont fixé des objectifs personnels. Nous les suivrons tout au long de la saison dans les différentes compétitions auxquelles ils vont participer.

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Ibou n’a pas dit son dernier mot

Posté par aucomptoirdesports le 17 mai 2009

 

 

Ibrahim Diaw

 

 

Ibrahim Diaw, ou « Ibou » pour les intimes, est un solide arrière droit de 29 ans qui a déjà connu la sélection avec l’équipe de France. Sa trajectoire a plutôt été fulgurante puisqu’il a découvert le handball sur le tard en accompagnant un de ses amis à l’entraînement à Plaisir.  Il a connu une progression constante jusque là. Mais, il vit cette année, une saison plutôt difficile avec le Paris Handball Club dont il est désormais le capitaine. Bien que la situation ne soit pas au beau fixe, il s’est confié pour le Comptoir en revenant sur son parcours et en dressant une analyse sans concessions sur la saison de son club et sur ses perspectives d’avenir.

Son parcours

Quels sont les coachs qui t’ont le plus marqué ?

D’abord celui qui m’a lancé , Momo avec qui j’ai une relation quasi fraternelle. Après dans tous les clubs où je suis passé les coachs ont une importance. Aux Mureaux mais aussi à Saint Ouen, où Jean Paquetti qui souhaitait ma venue m’a laissé « carte blanche ». J’ai pu m’exprimer pleinement avec lui et je me suis vraiment épanoui sous ses ordres. Et puis il y a eu Boro Golic et Thierry Anti à Paris, 2 coachs aux fortes personnalités mais avec qui j’ai noué des liens et avec qui je suis toujours en contact.

As tu eu des modèles ?

Comme je te disais j’ai découvert le hand très tard et quand je suis arrivé en D1 je jouais contre des gars ayant déjà une certaine renommée, mais que je ne connaissais même pas. Donc, c’est dur d’avoir une idole. Mais si je devais en citer un, je dirai Lapovitch.

Avant de revenir sur cette saison catastrophique, trouves tu que le sacre de l’équipe de France aux jeux puis aux championnats du monde ait changé la donne ?

C’est vrai que l’on parle un peu plus de hand mais dans l’absolu rien n’a changé. On est encore mis de côté.Au foot, ils ont juste gagné une coupe du monde et on en a parlé pendant 5 ans. Le hand n’est pas reconnu à sa juste valeur.

Tu penses que c’est dû au niveau du championnat ?

Le niveau du championnat de France progresse vraiment. Les joueurs étrangers veulent venir ici. Il y a du potentiel, preuve en est avec tous les jeunes joueurs pistés par les recruteurs étrangers. Mais le problème est surtout financier. Avec plus d’argent, les clubs français pourraient retenir les meilleurs etc…
Quels sont les meilleurs souvenirs que tu as depuis le début de ta carrière ?

C’est d’abord la participation à la ligue des champions et surtout la victoire en coupe de France car c’était mon premier titre après beaucoup de finales disputées mais jamais remportées.

Les pires ?

C’est cette saison catastrophe où rien ne va, rien ne fonctionne…

Sa saison avec Paris

Justement, comment en êtes vous arrivés là ?

C’est depuis la fin de saison dernière où le club a laissé partir des joueurs importants. Ils en ont recruté certains qui  ont eu du mal à s’intégrer ( il leur faut sans doute du temps) alors que d’autres sont peut-être à la fin d’un cycle. C’est un peu compliqué de pouvoir rivaliser avec des équipes qui se sont renforcées, même si sur le papier nous avons une équipe capable de faire des choses.

C’était ta 1ère année en tant que capitaine, est ce que ce n’était pas trop dur ?

Après Olivier (Girault), j’étais le plus ancien et on m’a naturellement donné le brassard mais je prenais déjà des responsabilités la saison passée. Cette année, c’est clair que dans cette fonction je perds un peu d’énergie et de concentration en  essayant de motiver toute le monde, je me disperse, ce qui fait que sur le terrain je suis un peu moins performant et que c’est un peu plus compliqué pour moi. Mais là on va tenter de sauver les murs pour mieux rebondir l’année prochaine.

Vous avez un coach très médiatique ( O. Girault ex capitaine de l’équipe de France championne olympique), qu’est ce que cela vous a apporté en positif ou négatif ? 

Les effets positifs, je ne vois pas trop…

Disons déjà qu’il amène un peu plus de lumière sur le club…

Justement tout le monde nous attend au tournant, on ne nous laisse pas travailler tranquillement. En plus de ça, il a été beaucoup sollicité à l’extérieur donc moins présent. Ce qui a été compliqué pour pouvoir bien travailler. Maintenant, au vu de la situation actuelle, il essaie de faire abstraction de l’extérieur et travaille un peu plus avec le groupe. On en voit déjà les effets à l’entraînement. Mais si cela avait été comme ça depuis le début de saison avec moins de médiatisation, on n’en serait pas là !

Tu veux dire qu’il avait plus un rôle de manager, accompagné d’un entraîneur adjoint ?

C’est ça le problème ! Dans ce rôle de manager, il a été un peu éloigné du terrain avec toutes ses sollicitations pour entre autre développer le hand. Le fait qu’il soit moins présent a certainement pénalisé l’équipe.

Aujourd’hui le président a mis la pression dans l’Equipe « Si je descends en D2, je n’irai pas tout seul », t’en penses quoi ?

Il n’y a rien de choquant. Il est dans son rôle et il veut booster les joueurs. Mais, nous sommes tous conscients de la situation. Après, c’est sûr qu’il y en a,  à qui ça ne ferait pas de mal de jouer en D2. En revanche, pour d’autres, ça pourrait être un sacré coup de frein à leur carrière. Mais la situation va s’éclaircir après les 2 prochains matchs contre Chambéry et Nantes.

Que manque t’il à Paris pour retrouver les sommets ?

Il y a un vrai manque d’infrastructures. On nous ballade de partout car le gymnase de Coubertin est souvent pris. C’est vraiment une galère lorsque l’on doit trouver des créneaux à droite età gauche. Au-delà de ça, on a mal démarré le championnat et il ne faut pas oublier que nous avons perdu 9 matchs avec seulement 1 but d’écart. Avec plus d’expérience et les blessures en moins (Saïd Ouksir, Kevin Nyokas), le classement ne serait pas le même aujourd’hui. Mais bon, il y a des jeunes joueurs bourrés de talent comme Nicolas Claire qui avec la pression et les résultats n’ont pas pu s’exprimer pleinement.

Ses ambitions personnelles

Envisages tu de finir ta carrière à Paris ?

Non, je pense avoir fait le tour ici. Finir 7ème ou 9ème,ça ne m’intéresse pas. J’aimerai jouer dans un club du haut de tableau ou aller à l’étranger pour continuer d’apprendre.

Tu penses que tu as encore une marge de progression importante ?

Je ne vais pas dire que j’ai régressé. Mais ici, on m’a confié un rôle de meneur et de passeur qui ne me convient pas forcément mais comme il n’y a personne de plus expérimenté… Certes j’élargis ma palette mais c’est dans la percussion et la finition que je suis meilleur.

L’équipe de France, c’est encore dans un coin de ta tête ?

Quand on m’a sélectionné en équipe de France, je ne m’y attendais pas. Cela a été un vrai honneur et l’aboutissement de du travail et des nombreux sacrifices consentis. Mais aujourd’hui, je ne me fais pas d’illusions.

Et si tu changes d’air ?

Je chercherai d’abord à m’épanouir et retrouver plus d’efficacité, après c’est sûr que s’il y a des opportunités…

Même si tu es encore jeune (29 ans), est ce que tu penses à ce que tu feras après le handball ?

Je suis dans l’association de Daouda Karaboué (gardien de Montpellier et de l’équipe de France), DK Handball Coeur Afrique, et je veux développer le handball dans mon pays d’origine qu’est le Sénégal. Parallèlement à ça, je passe des diplômes dans le cas, où on ouvrirait un centre de formation là-bas car les installations sont très vétustes et il y a un vrai manque d’infrastructures.

Remerciements à Ibrahim Diaw qui a bien voulu se confier avant le match face à Chambéry que les parisiens ont malheureusement perdu malgré une belle résistance. Bonne continuation à lui que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. 

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MARYSE EWANJE EPEE : Rencontre avec une femme qui n’a pas sa langue dans sa poche (2)

Posté par aucomptoirdesports le 5 mars 2009

 

Maryse Ewanjé-Epée

Suite de l’inteview de Maryse Ewanjé-Epée, journaliste sur RMC et Orange Sports qui nous délivre un regard sans concession sur l’athlétisme.

En athlé, je suppose que tu a gardé de nombreux contacts ?

Oui, forcément, je suis journaliste consultante à RMC et je travaille aussi pour Orange Sports. Je suis donc sur les compétitions, je vais à l’INSEP voir les jeunes (même s’il y en a de moins en moins). Ils me connaissent tous mais ne m’apprécient pas tous forcément parce que je n’ai pas ma langue dans ma poche et que je ne les épargne pas beaucoup non plus. D’une façon générale, je garde une certaine tendresse pour les athlètes car ils ne sont pas responsables de ce qui se passe en équipe de France.

Justement, peut-on brièvement revenir sur ce qui s’est passé aux jeux. Ne penses-tu pas que les médias sont en partie responsables de ce fiasco ?

C’est leur boulot ! On dit toujours que les médias en font trop mais vas en Italie ou en Espagne, et là on peut parler d’hystérie médiatique, et puis l’athlé est devenu pro, ce qui implique des avantages, notamment économiques, et des inconvénients !

Oui mais avant même qu’ils n’aient couru, on entendait partout qu’ils n’auraient pas de médailles !

Mais c’est normal ! Quand on tendait le micro au DTN ou au président, ils te répondaient « on espère 1 ou 2 médailles ». Quand tu as une équipe avec 46 disciplines, tu vises une dizaine de médailles ! Cela fait ds années que l’on entretient cela alors forcément on a une équipe…. Tu sais avec YA FOYE EVENTS, j’ai fait plus de 80 chroniques où les athlètes devaient s’auto-interviewer. Chaque fois que l’on avait affaire au judo, à l’escrime, l’aviron, la boxe, le cyclisme, les sportifs me disaient on va gagner ! Je n’ai pas un athlète, pas un seul qui m’ait dit çà ! Mis à part le jeune Tamgho qui même s’il n’a pas participé aux JO sera champion d’Europe.

C’est vrai qu’il a une bonne mentalité !

Il est extra ce petit. Il a une tête comme il faut. Alors certains parlent de « grosse tête ». Mais si tu ne viens pas au stade pour dire que tu vas « défoncer la gueule » de l’autre, ne viens pas ! Parce qu’on ne va pas te faire de cadeau !

Doucouré et Djhone sont aussi dans cet esprit là…

Ils sont parfaits ces 2 jeunes là. Ils savent se préparer, ils savent pourquoi ils sont là et ils te le disent. Dans le cas contraire, c’est qu’ils ne sont pas bien et ils ne parlent pas. Ils ont en plus une mentalité très saine mais il y en a d’autres qui arrivent.

Quels conseils pourrais tu donner aux jeunes qui découvrent le haut-niveau ?

On découvre vraiment le haut niveau en sénior. Un titre mondial acquis en cadet ne garantit pas une carrière dans l’athlétisme. En Jeunes, beaucoup de gamins qui arrivent en équipe de France sont issus de milieu modeste et sous prétexte d’une gloire naissante, ils lâchent leurs études. Cà, c’est une belle connerie ! Il faut être solide et je m’adresse aux parents, il ne faut pas lâcher le gamin ! Il n’y a plus de sport-études. Le dernier en date, c’est l’INSEP et ils sont en train de le privatiser. Mais j’ai la prétention de croire qu’un champion de haut-niveau est quelqu’un d’équilibré et fort dans sa tête.

Et la fédération, accompagne t’elle les jeunes ?

Plus qu’avant, il y a une amélioration : avant on était prof de gym ou rien du tout. Aujourd’hui, la FFA bosse beaucoup au niveau du suivi social pour que les jeunes trouvent des facs avec des emplois du temps aménagés. Mais elle est très mauvaise sur les reconversions. Mais elle a très peu de moyens. Et à l’INSEP, il n’y a que 2 psychologues pour 800 sportifs de haut niveau ! Autre point crucial, on ne sait pas ce que deviennent les anciens. Aujourd’hui les carrières s’allongent et un sportif de haut niveau quelque part, c’est toujours un gamin dans sa tête. Une fois la carrière terminée, ils découvrent la réalité qui peut-être brutale. Une Christine Arron doit réussir sa reconversion car c’est un fer de lance ! Quelqu’un qu’on va suivre et observer dans sa vie.

Comment juges tu le bilan d’Amsalem ?

J’aurais du mal à le juger… C’est tout un système qui ne va pas ! Quand je vois l’équipe de France en 2003, les projets qui devaient ramener du monde dans les clubs, redynamiser l’athlé… C’est sûr, il y a eu une hausse des licenciés, sauf que l’on est resté sur du bénévolat et qu’il n’y avait personne pour entraîner les jeunes qui sont repartis aussi vite ! Sans compter que notre athlétisme attire les jeunes dits « compliqués ». Tant que l’on aura pas compris çà et que l’on se contentera de faire des clubs super cadrés où il faut arriver à l’heure etc… C’est MORT ! Il faut pratiquement des éducateurs sociaux maintenant. Elle est où la détection ? Rien sur les Antilles, même s’il a relancé ça dans son nouveau programme mais je n’y crois pas une seconde. Amsalem a été mauvais sur la gestion du retour des championnats du monde 2003 et rien n’a été capitalisé probablement par manque de moyens humains et de soutien politique alors qu’il y avait une vague énorme d’espoir. J’ai du mal accabler un seul homme car c’est très politique….

Politique ?

Le président Amsalem n’a pas « la bonne couleur politique » . Donc, lorsqu’il vient présenter ses projets au ministère, c’est très facile de lui renvoyer les bilans catastrophiques des 3 derniers jeux olympiques pour ne pas lui accorder de crédits. Mais bon à un moment ce n’est pas tout le temps question d’argent. Il faut avoir 2-3 idées. On avait un système avec une trentaine de compétitions pour préparer les équipes de France dont 16 du circuit Caisse d’épargne remplacé depuis par le Lagardère Tour dont on ne sait toujours pas s’il est Lagardère (plus que 5-6 dates) ! 5 compétitions pour préparer 46 disciplines. On va perdre la moitié de l’équipe de France. Des disciplines comme le lancer de marteau (qui apporteraient leur lot de médailles) sont exclues des meetings ! Autant d’athlètes qui partiront pour le bobsleigh ou le rugby. Quand Bernard Laporte dit « c’est honteux ! Je vais mettre mon nez là-dedans… » . Ok, on l’a entendu pendant 2 semaines, mais depuis il est passé à autre chose !

C’est grave !

Regarde les DOM TOM, il y a tout à faire, il n’y a pas de stade pas de creps, tout est en ruine…

Justement, le fait qu’il n’y ait toujours pas de DTN donc de ligne claire pour les athlètes, ne trouves tu pas cela symptomatique du mal qui ronge l’athlétisme français ?

Non, le DTN a toujours été un pion interchangeable tous les 4 ans. C’est symptomatique du fait que la fédération est gérée par ce que j’appelle des  » fédérastes « , uniquement tout ce qui est président, vice-président, élus, ligue… en bref tout ce qui n’est pas sur le terrain.

Plus haut, on parlait de Lagardère, t’en penses quoi ?

Je n’ai rien à en penser. Lagardère, c’est un homme d’entreprise qui est venu faire de l’argent dans l’athlé comme il l’a fait dans le tennis. Il fait ce qu’il a à faire ! Le problème, c’est que la fédération l’a accueilli comme le messie et s’est délibérément détaché d’anciens partenaires qu’elle a vexés. Et maintenant qu’il se désengage, c’est la panique à bord… On peut fonctionner avec le privé mais il ne faut pas copier le modèle US. Beaucoup n’ont que çà en tête, mais ce n’est pas une solution. Aux Etats-Unis, les 3/4 des champions sont fournis par les collèges et lycées. Les clubs privés, type Nike club, Reebok club, Redbull, ne sont ouverts qu’aux athlètes de très haut niveau. Ainsi, les américains réalisent leurs meilleures performances quand ils ont leur bourse universitaire et qu’ils sont soutenus à 100%. Alors que chez nous, c’est plutôt l’inverse. A 24-25ans, ils entrent dans des structures club et si avant la famille n’est pas là pour te soutenir, c’est compliqué. En France, l’athlé souffre et il y en a de moins en moins à l’école : c’est là que commence toute découverte ! Maintenant les mômes font du unihockey, du roller et de l’ultimate en cours de gym !

Il y a un vrai manque de dialogue entre la fédération et l’éducation nationale ?

Il n’y a pas de projet politique. C’est au président de la fédé de dire qu’il n’y a plus rien et d’amener le cahier des charges au Ministère qui lui allouerait des subventions dans le cadre d’objectifs fixés et atteints. Par exemple « on veut tant de médailles pour les prochains championnats du monde ». Or ici, on a l’impression que rien n’a été posé sur la table. Je dis bien « on a l’impression ».

Toi tu parles haut et fort sur RMC mais par raport à tout çà ne penses tu pas qu’il manque des grandes gueules en athlé ?

Il y a toujours eu des grandes gueules en athlé mais on a toujours su les faire taire !

Des gars comme Stéphane Diagana qui ont un vrai crédit auprès du public ne sont ils pas trop timorés ?

Timoré, non ! C’est son caractère, Stéphane Diagana c’est quelqu’un de gentil qui ne fait rien dans le conflit et essaie de faire avancer les choses de l’intérieur. Il en faut des personnes comme çà. Mais c’est très compliqué de râler lorsque tu es athlète. A la moindre contre-performance tu te fais « tailler ». Regarde Eunice, après tous les services rendus , qu’on ose lui dire, rentre chez toi quand elle parle du manque de résultats français qui feraient mieux de se concentrer sur leur sport que sur les droits de l’Homme bafoués en Chine… En bref, quand tu es champion, tu peux glisser quelques phrases par ci et là mais ton rôle c’est de rapporter des médailles, rien d’autre. Les anciens doivent parler mais ce n’est pas toujours évident. A RMC, je reçois parfois des mails d’insultes arguant le fait que je n’avais pas eu de médailles…

Tu es pessimiste pour l’avenir de notre discipline !

Oui très pessimiste ! Je suis revenue des championnats de France où il n’y avait que 300 personnes dans les tribunes(j’exagère bien sûr). C’est une catastrophe ! Mais, ils vont s’en sortir ! Car le jeune Tamgho (c’est de la graine de star celui-là !) sera certainement champion d’Europe alors que la fédération n’y est pour rien. La réussite d’Eunice (Barber) est tout sauf celle du système français. Tout le monde sait qu’elle s’entraîne aux US. Pérec, c’est d’abord la réussite de Piasenta qui est complètement anti-fédé. Même à mon époque, le DTN disait que Monique et Maryse Ewanjé-Epée, c’était la réussite du système « 1000 espoirs ». On était la réussite de quoi ? On ne savait même pas que l’on faisait partie d’un système. On s’entraînait seules avec un coach à Montpellier… Donc oui, je suis très pessimiste ! S’il n’y a pas un moment donné un groupe fort de personnes qui se réunissent, et tu as entièrement raison, cela doit venir des athlètes qui doivent dire « stop ! on ne joue plus le jeu ! », on va droit dans le mur.

L’entretien a duré une quarantaine de minutes et a dû s’arrêter là car Maryse Ewanjé-Epée allait faire son émission du Moscato Show. Je la remercie particulièrement car elle a su donner du contenu à cette interview.

 

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MARYSE EWANJE EPEE : Rencontre avec une femme qui n’a pas sa langue dans sa poche (1)

Posté par aucomptoirdesports le 3 mars 2009

Maryse et José Touré pour Ya Foye Events

Maryse Ewanje-Epée officie aujourd’hui en tant que journaliste sportive sur les antennes de RMC et Orange Sports. Elle a accepté de me rencontrer pour me parler de son parcours professionnel mais aussi m’exposer sa vision plutôt pessimiste de l’athlétisme. Issue d’un milieu modeste, Maryse Ewanjé-Epée a très vite pris conscience que la vie n’était pas un long fleuve tranquille. Une maman qui élève seule ses 4 enfants  lui fait vite prendre ses responsabilités. Et à son époque malgré son gros potentiel athlétique (Record de France du saut en hauteur 1m96 jusqu’en 2007), ses nombreux titres nationaux, elle sait très bien qu’elle ne vivra pas de l’athlétisme.

Pendant ta carrière d’athlète, tu pensais déjà à ta reconversion ?

Reconversion, non ! Je n’ai jamais arrêté mes études. J’ai toujours voulu être championne. Mais quand j’étais gamine, je savais que je ne vivrai pas de l’athlé, je voulais avant tout être journaliste.

Journaliste sportive ?

Pas forcément, je suis partie aux USA faire des études de journalisme et en France j’ai continué au CFPJ (Centre de Formation et de Perfectionnement des Journalistes). J’avais 3 rêves en tête à la base, devenir kiné, journaliste ou actrice. J’ai d’ailleurs fait le conservatoire régional de Montpellier avant d’arrêter le théâtre l’année des JO.

Justement ce n’est pas trop dur, qui plus est pour une femme, noire, ex sportive de haut niveau de percer dans ce milieu ? Parce que moi par exemple je n’avais aucune idée que tu avais fait tout çà…

Personne ne sait ! J’ai toujours su que ce serait dur mais pas insurmontable ! D’ailleurs, cela a toujours été une force. Je suis métisse d’un père noir  camerounais qui est parti très tôt. Quand je faisais du théâtre, j’étais assez douée et je sautais des classes régulièrement. Mais l’année des Jeux, mon prof qui m’aimait bien pourtant, m’a conseillé d’opter pour le sport plutôt que de courir les castings car je n’aurai jamais de rôle en France. çà m’a fait vraiment mal… Après çà, toute ma vie j’ai essayé de prouver ce dont j’étais capable mais çà se passait toujours mal , car les gens savaient que je me défonçais 10 fois plus que les autres pour peanuts. Aujourd’hui, je sais ce que je vaux et je n’ai plus besoin de dire, » je sais faire ci , je sais faire çà ! »

Et à RMC ?

Même à RMC, personne ne sait ! On ne connaît pas mon parcours, et on ne sait pas ou peu que je suis diplômée du CFPJ  et que je’ai un DESS marketing du sport et un diplôme d’entraîneur. Plusieurs fois, j’ai dit que j’étais capable de parler d’autre chose que d’athlé. On me répondait  » on verra, mais tu es consultante », et je  répondais  « Non ! je suis journaliste »… » oui mais tu n’as pas ta carte de presse… ». Et j’ai mis 4 ans à  prouver que je pouvais faire autre chose que du commentaire d’athlétisme. Bien sûr, lorsqu’il s’agit de commenter une rencontre, je vais rester dans l’athlé mais si c’est pour faire une chronique ou un reportage, c’est juste une question de travail ! Et après, j’ai monté ma propre société pour produire ce que je voulais.

Oui, YA FOYE EVENTS, et qu’est ce que ça signifie ?

C’est une expression ivoirienne que l’on utilise aussi aux Antilles et même en France chez les « djeuns » pour dire que tout va bien, qu’on est là. Avec cette société, je fais des émissions de musique, sport, santé, société dans le milieu afro-caribéen, une façon de me rapprocher de mes origines et de parler de tout ce qui m’intéresse !

 ça marche bien ?

Non ça ne rapporte rien. J’ai fait plus de 300 émissions ! Mais tu sais en France, on parle beaucoup de diversité, mais de là à investir de l’argent dessus…

Quand je demandais si ça marchait bien, ce n’était pas forcément au niveau financier…

Ah, je m’éclate, mais bon ce n’est pas alimentaire !

As tu des projets par rapport à ça ?

Justement, avant on n’avait pas fait de buisness plan réaliste et on a pas gagné d’argent avec ça . Mais là, on prend le temps de réfléchir à un projet qui tienne la route et que les choses se mettent doucement en place. Avoir fondé cette société m’a permis de mettre un pied en Afrique car je n’y avais jamais été. J’avais besoin de faire le tour de ma propre histoire. J’ai essayé pendant des années d’être blanche , ou en  tout cas « sans couleur » pour me faire accepter, mais quoiqu’il se passe, je me suis vite rendue compte qu’aux yeux des autres, j’étais noire…  Monter cette société m’a permis de connaître l’Afrique et de grossir mon carnet d’adresses en faisant un tas de rencontres que j’entretiens régulièrement, dans le milieu du sport mais aussi de la musique.

Revenons au Sport, quels évènements sportifs t’ont le plus marqué en tant que journaliste ?

Les JO, forcément ! Les sports olympiques, ceux où l’on gagne moins d’argent, les lutteurs, les boxeurs, les judokas me fascinent ! J’ai d’ailleurs réalisé un gros projet avec mon associé Thierry Imberty l’été dernier en réalisant 65 chroniques avec des qualifiés aux JO. ça s’appelait « egolympic » et les champions jouaient le rôle de l’interviewer-interviewé. çà m’a encore rapproché d’eux et permis de commenter différemment l’athlé, la boxe et la lutte à Pékin.

Et parmi les sportifs que tu as interviewés, lesquels t’ont le plus touché ?

Bien que je n’ai pas d’affinités avec le cyclisme féminin, Jeanie Longo est super attachante mais je n’arrive toujours pas à comprendre ce qu’elle recherche encore à 50ans. Sur le plan humain, des gens moins connus comme le champion du monde Enoch Effa (boxe savate), Gladys Epangue, Mamedy Doucara (Taekwondo). Alors, je vais te citer pas mal de noms afros, mais ce n’est pas parce qu’ils sont blacks mais que comme moi ils ont vécu les mêmes galères. Jean Marc Mormeck, que j’ai connu il y a une dizaine d’années à l’époque où j’étais directrice du Service des Sports de Noisy le Grand, quand il recherchait un mécène pour ses combats. J’ai une tendresse particulière pour les boxeurs (sport dur et exigeant) mais ils sont humbles et sains. Il faut arriver à les connaître, à leur parler, car les journalistes ne s’arrêtent jamais à la discussion dans la mesure où beaucoup sont timides ou ont des difficultés d’expression dûs à leur milieu …

Dans la seconde partie de l’interview que vous lirez demain, Maryse Ewanjé-Epée nous livre un regard sans concessions sur son sport de prédilection qu’est l’athlétisme.

 

 

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Salim Nedjel le « Zidane » du handball algérien

Posté par aucomptoirdesports le 17 janvier 2009

salim.jpg

 Salim Nedjel  international algérien handball

Salim Nedjel est pour les handballeurs algériens ce que Zidane représente pour les footballeurs français. Alors que le tournoi de Bercy s’est achevé et que les mondiaux de Croatie débutent aujourd’hui, j’ai saisi l’opportunité de l’interviewé. La rencontre a pu s’effectuer car il travaille pour la Ville de Paris au sein des différents centres scolaires sportifs et écoles municipales des sports pour promouvoir le handball auprès des jeunes. Ainsi, nous allons en apprendre un peu plus sur son parcours, ses projets de reconversion et sa vision du handball moderne.

Son parcours

Salim Nedjel, puissant arrière gauche d’1m91 90kg, est l’un des plus grands handballeurs que l’Algérie ait connu. Il a participé à 6 championnats du monde et aux Jeux d’Atlanta. C’est un joueur qui a connu quelques clubs dans sa longue carrière (17 ans) : Oran, Vigo en Espagne(5ans), ACBB, Créteil, Tremblay, Villemonble. Assurément ses années fastes auront été de 1995 (4ème meilleur buteur du monde et  huitièmes de finaliste des championnats du monde remportés par les barjots) à 2004 (1/4 de finaliste de la ligue des champions avec Créteil) en passant par les jeux de 1996 (summum pour un sportif de haut niveau surtout lors de sa rencontre « magique » avec Mohamed Ali). 

Ses projets

A l’issue d’une carrière aussi riche, la transition est forcément difficile. Il a en tête l’exemple de nombreux handballeurs qui ont sombré une fois leur vie sportive terminée. Ainsi, il conseille à tous les joueurs encore en activité de passer leurs diplômes car la reconversion est difficile. Les projets foisonnent dans son esprit. Pour le moment, il est consultant pour Al-Jazira TV (télévision nationale algérienne) et vient de consulter les matchs du tournoi de Bercy. Cette expérience a été enrichissante car elle lui a permis de prendre du recul par rapport au terrain. La reflexion sur les différents schémas de jeu utilisés, l’etude des profils des joueurs l’ont conforté dans sa décision de devenir à moyen terme entraîneur. Mais en France, les portes ne s’ouvrent pas facilement. Des entraîneurs comme Thierry Anti sont encore sur la touche. Lui ne demande qu’à coacher que ce soit en D1, D2 ou en National. Nul doute qu’avec une telle expérience, il amènerait forcément quelque chose au groupe qu’il côtoierait.

Le handball français

Malgré la présence de champions olympiques, il estime que la D1 est beaucoup moins forte qu’il y a une quinzaine d’années. Les championnats allemands et espagnols plus physiques et exigeants sont largement devant. Comme en football, les meilleurs joueurs s’expatrient pour des contrats plus juteux. Mais selon lui, les générations d’aujourd’hui sont formées sur d’autres principes (« Avant, on ne se faisait pas la bise avant un match, on se mettait bien pendant la rencontre, et après on allait boire un coup »). Et que dire des salles, en France, Montpellier, Chambéry ou Angers disposent de vraies salles mais que dire de Créteil ou Ivry (champion il y a 2 ans)  qui « jouent dans un hangar ». En Espagne, tous les clubs jouent dans de vrais palais des sports qui sont bondés une heure avant le début des rencontres. Ce qui démontre une énorme ferveur populaire. S’il soutient que le handball souffre d’un déficit d’image, mais il salue l’initiative de faire jouer le final four de la coupe de la ligue à Miami. Cette opération de promotion du handball à l’étranger a été appréciée par l’ensemble des joueurs.

Les championnats du monde en Croatie

La Croatie (à domicile) et la France (championne olympique) font figure d’épouvantail dans ce tournoi. En équipe de France, « Abalo et Guigou sont de vrais extra-terrestres sans parler de Karabatic et Narcisse », mais c’est son ami Sébastien Ostertag (remplaçant de Guigou) qui pourrait créer la sensation car il est en très bonne forme. De plus les bleus viennet une nouvelle fois de remporter le tournoi de Bercy qui malgré son côté préparatoire reste prestigieux et pris très au sérieux par les équipes y ayant pris part. D’autre part, ils savent qu’ils sont condamnés à de perpétuels exploits pour satisfaire à l’exigeance du public et des médias mais leur leitmotiv reste de glâner le maximum de titres. « Un joueur comme Karabatic qui n’a que 23 ans a déjà tout gagné, mais il en veut encore plus… ».Concernant son équipe nationale, elle est jeune mais peut surprendre. Il place de réels espoirs dans ce jeune arrière gauche Berkouse.

Salim Nedjel a plein de projets et c’est ce qui l’aide à avancer. A plus long terme, il aimerait développer le handball dans son pays natal en ouvrant des centres de formation. Nul doute qu’une telle mesure permettrait au handball algérien de progresser. Actuellement, ce sport ne survit que grâce à des entraîneurs passionnés dont le rôle s’apparente souvent à celui du père. Il souhaite aussi rendre à sa patrie ce qu’elle lui a apporté en devenant pourquoi pas un jour sélectionneur national.

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Pierre-Jean Vazel, un coach moins atypique qu’il n’y paraît

Posté par aucomptoirdesports le 18 décembre 2008

Pierre Jean Vazel

 

Comme beaucoup, j’ai fait la connaissance de PJV dans les journaux au moment où Ronald Pognon fort de ses 9’99 a quitté son désormais ex coach Guy Ontanon après 3 années de collaboration. La séparation a fait grand bruit. A l’époque dès que l’on parlait de ce jeune coach c’était «  étudiant aux beaux arts, fou de statistiques » (l’Equipe ), « coach autodidacte » (l’Express), « pigiste de l’I.A.A.F », « entraîneur à distance d’Olusoji Fasuba (9 ’85 recordman d’Afrique), ou encore « ni entraîneur ni diplômé ni cadre d’état » (Franck Chevallier sur eurosport). Cela m’a vraiment donné l’impression que le bonhomme était sorti d’un kinder surprise pour ces athlètes. Et comme beaucoup je me suis posé la question , mais  pourquoi ?

Aussi quand il m’a été donné la possibilité de faire plus ample connaissance, j’ai sauté sur l’occasion. La rencontre s’est déroulée au stade d’athlétisme de l’ES Montgeron où il entraîne mardi, mercredi et vendredi …. les jeunes de l’école d’athlé. Etonnant non ?

 Après les bonsoir de courtoisie, ma première question a été «  alors parmi ces jeunes pousses est ce qu’il y en a qui sont intéressants ?  ( sous-entendu prometteurs)» , il m’a répondu avec un sourire « ils sont tous intéressants ! ». Voilà qui en dit déjà un peu plus sur sa personnalité. Avant de s’intéresser à ses méthodes d’entraînement, son travail avec Ronald, et ses perspectives, impossible d’occulter Olusoji Fasuba avec qui il est arrivé à 9″85.  

La collaboration avec « Olu »

  Pierre-Jean Vazel, ancien athlète de 110 M haies ( niveau national 3) est un jeune pigiste pour l’IAAF qui écume tous les meetings européens. Ainsi, il côtoie de nombreux entraîneurs et athlètes. Lorsqu’il rencontre Olu, 19 ans, jeune sprinteur en devenir, celui-ci est à la recherche d’un entraîneur. Personne ne veut s’occuper de cet athlète africain car beaucoup savent que cela va être compliqué avec la fédération nigerianne en terme d’intendance et d’incompétence. PJV, passionné d’athlé et  de statistiques, a accumulé et stocké des tas de plan d’entraînements et de courses et démarre donc sa collaboration avec Olu. 

Une collaboration qui n’a pas été de tout repos puisqu’ils ont fait face à de nombreuses contraintes. C’est d’ailleurs là qu’a débuté l’entraînement à distance. Cela ne les a pas empêché de se côtoyer longuement lors des périodes de stage et de compétitions dans des conditions parfois précaires pour un athlète de haut niveau.  Mais, c’est aussi dans ces moments qu’ils ont appris à mieux se connaître l’un l’autre provoquant une parfaite alchimie qui les a conduit 2 ans plus tard au fameux record d’Afrique 9″85.   

Sa méthode    

Pour PJV, « entraîner c’est avant tout les connaître pour mieux anticiper leurs besoins savoir quand ils ont soif, quand ils ne transpirent pas (mauvais signe), planifier, gérer le stress, savoir où se placer, parler quand il le faut ». PJV , en continuelle réflexion à la maison, assure ne pas parler technique avec ses athlètes car « il y a trop de mouvements réflexes et à partir du moment où la pensée s’invite dans le geste, c’est foutu !». De ce point de vue, avoir communiqué en anglais avec Olu lui a appris à être plus concis, plus bref dans ses consignes d’entraînement.  C’est vrai qu’en tant qu’entraîneur on devrait plus souvent « Penser 7 fois, parler 1 fois ». D’autre part, il s’appuie sur les analyses rythmiques de Hess et les nombreux plans d’entraînement qu’il a accumulés.  Son expérience au sein de l’IAAF lui a assurément servi quand il s’est agi de logistique (transports, hôtel…) et la planification des compétitions pour ses nouveaux athlètes dont Ronald Pognon.   

Concernant Ronald

Cela va faire 3 ans maintenant que les 2 jeunes gens évoluent ensemble et une confiance mutuelle semble s’être installée. Et c’est là un élément primordial dans la quête d’un objectif. Ainsi, l’an passé tous 2 savaient que la saison en salle n’était qu’un passage obligé et non un objectif pour se qualifié aux J.O. A ce moment là, beaucoup doutaient des performances moyennes de Ronald. On se demandait où était passé le 1er sprinter passé sous les 10″. Et il a fallu une bonne dose de mental pour l’athlète et de psychologie pour l’entraîneur, pour traverser cette période hivernale. C’est là qu’ils ont pu constater que peu de personnes ne croyaient en eux. C’est ce qui fait dire à Ronald  que « Montgeron est sa famille ». Il se sent très bien dans ce club grâce à la présidente A. Tournier Lasserve qui l’a largement soutenu cette période. Celle-ci était confiante quand ses 2 protégés lui ont affirmé qu’il seraient dans les temps l’été suivant. Contrat réussi : 10″10 . PJV assure que son protégé aurait très bien pu succomber aux sirènes sonnantes et trébuchantes d’autres groupes d’entraînement mais il a préféré resté dans ce petit club familial. Le coach est d’ailleurs confiant quant à la suite de sa saison car désormais Ronald est largement en avance sur ses plans d’entraînements par rapport à la saison passée. Ronald est capable selon lui de répéter des performances sous la barrière des 10″.

 

Encore aujourd’hui, beaucoup de journalistes quand ils parlent de PJV le qualifient d’autodidacte, de « jeune coach qui s’abreuve de bouquins ». Mais n’est-ce pas là le propre de l’entraîneur de parfaire ses connaissances pour mieux en faire profiter ses athlètes. Tout le monde connaît Guy Ontanon, coach de Mbandjok, mais qui peut dire quel athlète il était ? Personne ne s’étonne plus de voir Ladji Doucouré effectuer des préparations physiques d’avant saison plus qu’originales (cyclisme de vitesse) sous la houlette de Renaud Longuèvre. Alors laissons « l’entraîneur » PJV travailler en paix et souhaitons lui un peu en avance une bonne année 2009 et surtout une bonne santé pour lui et ses athlètes.    

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