Les athlètes dopés ont ils droit à une 2nde chance ?
Posté par aucomptoirdesports le 4 janvier 2009
L’Euromeeting (association qui regroupe les organisateurs des principaux meetings européens) préconise que l’on invite plus les athlètes ayant été convaincus de dopage. Cette recommandation sévère est elle juste ?
A bas les tricheurs !
De prime abord, nous serions tentés de répondre par l’affirmative. Beaucoup d’athlètes se sont fait voler leurs médailles mais aussi leur carrière.En effet, souvenez vous en août 2003, Muriel Hurtis termine à la 4ème place des mondiaux d’athlétisme à Paris Saint-Denis. Depuis Kelly White (1ère) a été disqualifiée pour dopage e Hurtis reclassée 3ème en sachant que l’année suivante ce sont Torri Edwards (2ème) et Kapachinskaya (3ème) qui ont été prises par la patrouille. Notre athlète française a donc virtuellement été championne du monde. Mais à quoi cela sert-il de récupérer une médaille quand on ne reçoit pas tous les honneurs qui vont avec ? Rien ne remplace un titre conquis devant son public. Imaginez les retombées financières et médiatiques pour l’athlète. La trajectoire d’Hurtis aurait sûrement été différente. En compétition, les barrières sont souvent plus psychologiques que physiques et nul doute qu’un titre aurait décomplexé cette athlète sur le plan international. Si on ajoute à cela le nombre d’athlètes (en particulier dans les pays de l’est) pris pour récidive, nous comprenons tout à fait ceux qui veulent éradiquer ce fléau en banissant les fauteurs à vie. Mais sur certains aspects, cela semble sévère.
Une seconde chance ?
Rappelons que nous ne cautionnons pas du tout le dopage et que pour nous il n’existe pas de degré dans le dopage. Diagana (président de la LNA) et Naman keita (suspendu pour 2 ans à l’issue des championnats du monde d’Osaka) sont pour le cas par cas. Mais cela ne veut rien dire, car à partir du moment où l’on se dope c’est le début d’un cercle vicieux qui ne finit que lorsque l’on est attrapé. Il n’y a pas plus d’excuse lorsque l’on prend des compléments alimentaires (soi-disant, sans avoir regardé la notice) que lorsque l’on prend sciemment des produits pour améliorer ses performances. Par contre, un athlète qui fait son méa culpa, qui aide à lutter contre ce fléau en multipliant les colloques et les conférences de prévention mérite une seconde chance. C’est le cas de Naman Keita mais aussi de Dwain Chambers. Ce dernier nous livre un témoignage intéressant dans L’Equipe magazine du 3 janvier 2009. Dans cette interview, nous découvrons un athlète qui parle sans concessions et sans langue de bois. Il explique pourquoi il s’est dopé, s’excuse encore auprès des athlètes et du public qu’il a floué, mais aussi le combat qu’il mène désormais contre ce fléau. Alors doit-on lui accorder une seconde chance ? Il le dit lui-même « c’est une faute avec laquelle il doit vivre le reste de sa vie… » entre ses dettes (gains qu’il doit rembourser à l’IAAF), le regard des autres athlètes, du public et des médias. La vie d’un athlète post suspension est très difficile dans la mesure où les ressources proviennent essentiellement des meetings et du sponsoring. Dans le cas de Chambers, il a déjà fait une croix sur les prochains JO à Londres et ne participera qu’aux championnats du monde et aux meetings qui l’accepteront. Quant à Keita, il devrait recourir en septembre 2009. Que feront alors les organisateurs français ?
Rappelons que cet article pose juste la question de la place que l’on doit accorder à un athlète après sa suspension. Nous nous intéresserons plus tard aux raisons qui font basculer les athlètes dans le côté obscur. D’autre part, au Comptoir nous attendons avec impatience de voir comment vont être gérés les retours de suspension de Keita biensûr mais aussi Florent Lacasse (ex grand espoir du 8OOM) ou encore Latifah Essarokh (coureuse 1500M) car il est toujours plus facile de dénigrer un athlète étranger (exemple Marion Jones avant qu’elle ne soit avérée coupable ou plus récemment Chambers)….
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