Après avoir rencontré P.J Vazel, Maryse Ewanjé-Epée, Salim Nedjel et Ibrahim Diaw (rubrique : Rencontre avec le Haut Niveau) nous allons aujourd’hui faire la connaissance de deux jeunes athlètes en devenir licenciés au club d’athlétisme de l’E.S Montgeron.
Après un rapide passage dans le football, Bruno Bertogal a intégré l’école d’athlétisme de l’E.S.Montgeron dès la catégorie minimes. Après quelques séances de sprints, il se dirige naturellement vers les haies. Pour ses premières années cadets, les résultats ne sont pas au rendez-vous, mais c’est dans la catégorie junior que le grand échalas prend son envol. Les haies sont plus hautes (99 cm) et plus adaptées à son grand gabarit. Il réalise les minimas (14″36) pour le mondial junior 2008. Malheureusement, il échoue de peu aux présélections. L’année suivante, il finit sur la 3ème marche du podium des championnats de France en 14″16. Il aborde cette nouvelle saison en tant qu’espoir avec un « statut » à confirmer mais il ne se met pas plus de pression qu’il n’en faut, dans la mesure où c’est le début d’une nouvelle aventure qui s’offre à lui avec des haies plus hautes (1M06) et des nouveaux adversaires. A partir du moment où il est dans les startings blocks, l’important c’est de se donner à fond. Toujours à l’écoute d’un coach très présent et impliqué dans la vie de ses athlètes, il n’en écoute pas moins les conseils avisés (diététique, technique, motivation…) de Johanna Bujak et d’autres athlètes confirmés du club, car il sait qu’il doit encore progresser techniquement et physiquement. D’ailleurs, si notre jeune étudiant en éco-gestion ne se fixe pas d’objectifs précis pour cette première année, il espère se rapprocher le plus possible de 14″ et plus si affinité.
Regard du coach J.M Pégain : « Bruno, c’est un faux calme ; il cherche à cacher, ou à contrôler, son anxiété par une certaine nonchalance en compétition.
L’un entraînant un risque de faux départ toujours latent, l’autre des « erreurs » d’échauffement.
Toutefois,son explosion en Juniors, et surtout en Juniors 2 est due, entre autre, à une meilleure approche de la compétition, où, il apparaît moins spectateur pour devenir acteur.
Mais la pression est toujours présente. l’explosion de joie suscitée par sa troisième place aux France Jeunes était largement à la hauteur de sa déception associée à sa quatrième place au France Indoor, l’hiver dernier. Alors même que cette quatrième place s’inscrivait dans le cadre d’une saison hivernale particulièrement éprouvante.
Tout cela donne des situations émotionnelles lourdes, tant dans réussite que dans l’échec et il faut parfois trouver les bonnes paroles.
Pour ce qui est des conseils prodigués par les autres athlètes, Bruno est effectivement avide et attentif, même si j’aimerais parfois qu’il sache mieux faire le tri, que se soit sur le suivi médical, l’échauffement ou même encore la diététique.
Maintenant, j’attends avec impatience les premières courses avec des haies à 106, même s’il a déjà couru sur cette hauteur en …. Cadets, au meeting de Montgeron.
Ce début de saison est un peu laborieux du fait de douleurs récurrentes et nous ne savons pas encore quand Bruno effectuera sa rentrée. »
Pour Toumany Coulibaly, la trajectoire est beaucoup plus atypique mais ô combien comparable à nombre d’athlètes. Ce jeune étudiant en BTS de 21 ans, ex handballeur, a découvert l’athlétisme sur le tard. Pourtant ses professeurs d’EPS au lycée qui avaient déjà décelé un talent certain (3x 500M en 1’10/1’10/1’12 !!), tout comme son entraîneur de hand convaincu par ses qualités de vitesse, ont tenté de le guider vers les pistes. En vain… C’est surtout un de ses amis qui après avoir organisé de nombreuses « courses de rue » (régulièrement mis au défi par d’autres jeunes) certainement las de ne trouver aucun adversaire à sa taille l’incite à rejoindre un club. Quelle chance pour l’ESM ! La première année en athlétisme est souvent celle de l’insouciance. Quand lors des 1ers championnats départementaux en salle, son coach le met en garde contre des rivaux ayant déjà fait leurs preuves, il ne se défile pas et réalise 6″10 sur 50M puis 7″10 sur 60M aux régionaux (à 1 centième des minimas pour les France). Malgré une blessure aux adducteurs (merci le handball…), le meilleur reste à venir avec une saison estivale pleine de promesses (10″80 sur 100M et 21″60 sur 200M). Alors qu’il débute seulement sa deuxième saison, il est désormais attendu au tournant. Mais, c’est quand il se sent observé, épié qu’il se transcende. Toumany a conscience qu’il doit s’améliorer techniquement afin de progresser et c’est auprès de Bruno Bertogal qu’il trouve son émulation. De même, le fait d’entraîner les jeunes lui fait prendre conscience plus précisément des gestes qu’il doit travailler. Vous avez dit perfectionniste… Autre fait qui montre que cet athlète a bien la tête sur les épaules. Malgré ses énormes qualités, il n’oublie pas que son entraîneur n’est pas un simple débiteur de fiches d’entraînement lorsqu’il le voit courir d’un groupe à un autre ou se déplacer spécialement pour constater si un exercice de musculation a été correctement réalisé). Qu’on se rassure, le handball ne lui manque pas trop si ce n’est l’esprit de « déconnade » qui y règne car lui, c’est « un vrai clown ».
Regard du coach J.M P : « Toumany, c’est autre chose, comme tu l’écris, c’est un athlète tout neuf, qui a encore de nombreuses choses à apprendre, et qui apprend très vite.
Sa décontraction et son esprit de compétition ont fait qu’il a pu réaliser une première saison extraordinaire, malgré des « erreurs » qui auraient pu coûter extrêmement cher à n’importe qui d’autre. Mais il faudra qu’il apprenne à être plus prudent, car plus l’on est « affûté » et plus l’on est fragile.
L’enjeu aujourd’hui sera de constater si après une première saison, où tout c’est bien passé, entre autre parce que chaque tour passé était du bonus, face à des objectifs et des enjeux, Toumany saura garder cette distance face à la compétition qui lui permette d’aborder chaque course sans pression. Je garde en mémoire la finale du 200 m au France où en voulant regarder à quelle place il se situe, il fait une faute, marche dans le couloir 7 et se fait disqualifier. »
Les voies de l’athlétisme sont impénétrables. Combien de jeunes talentueux se sont cassé les dents en arrivant dans le monde des séniors ? Les raisons ne manquent pas. Difficile de concilier la vie de jeune adulte avec une vie d’athlète qui se veut parfois très contraignante. Mais nos deux montgeronnais sont conscients des étapes qu’il leur reste à franchir et ils se sont fixé des objectifs personnels. Nous les suivrons tout au long de la saison dans les différentes compétitions auxquelles ils vont participer.