A la rencontre de Gnima Faye, l’enfant de Thiaroye.
Posté par aucomptoirdesports le 24 mars 2014
Après un début de carrière prometteur, Gnima Faye a connu un parcours chaotique jalonné par les blessures. A 28 ans, elle semble retrouver un second souffle. Nouvel état d’esprit, changement de coach, elle nous raconte tout.
A quel âge as-tu commencé l’athlé ?
J’ai commencé à l’âge de 15ans par des 800-1000-1500.
Comment une demi-fondeuse arrive sur les haies ?
Au Sénégal, à Thiaroye, il n’y a pas de piste et du coup on commence par le demi-fond. Et en 2000 j’étais au centre national d’entraînement à Dakar et Hervé Stéphan qui entraînait les meilleurs athlètes sénégalais à l’époque m’a repéré. Il m’a dit que j’étais faite pour le sprint. Et là ça a commencé. Sur 200M, j’ai été la meilleure athlète cadette du Sénégal, championne d’Afrique de l’Ouest et j’ai participé aux championnats du monde Cadets.
Quand es-tu arrivée en France ?
La première fois, c’était à Val de Rueil en 2003 où je suis restée un an. Et puis je suis revenue m’installer en France en 2007.
Cela doit être difficile d’arriver dans un pays étranger ?
Oui et non. En 2007, c’était très difficile au début, car quand tu es au pays tu t’entraînes au centre National et tous les week-ends, tu retrouves ta famille. Mais bon, avant toutes les saisons estivales, je les faisais en France donc j’étais un peu habituée.
J’ai cru comprendre que ta fédération négligeait un petit peu ses athlètes. Qu’en est-il vraiment ?
C’est vrai que nous ne sommes pas le football, mais nous sommes quand même le sport qui ramène le plus de médailles et on se sent parfois délaissés. Mais ça change un peu. Ils essaient de nous aider quand on les sollicite. Par exemple, dernièrement, ils nous ont ouvert les portes du centre National de Dakar pour notre stage d’entraînement. Mais les athlètes en attendent d’avantage.
Et en France, ça se passe comment ?
Même si je suis championne d’Afrique, je n’ai pas de sponsors. C’est donc le club qui m’aide. Je suis arrivée à l’ES Montgeron Athlétisme en 2009. Là, je peux dire que j’ai trouvé une vraie famille. Je m’y sens comme chez moi. Cette année, j’ai décidé de me consacrer à 100% à l’athlétisme pour atteindre mes objectifs. Je m’entraîne 5 fois par semaine avec une séance quotidienne qui dure 3H à 3H30.
Comment se prépare la hurdleuse que tu es ?
Depuis un an, j’ai changé d’entraîneur et je peux dire qu’à l’âge de 28 ans j’apprends encore pas mal sur moi-même et l’entraînement. Mon coach est un passionné. Il revient sur des petites choses, des détails mais qui m’apportent beaucoup « relâchement, le bon déroulement du pied, ne pas précipiter le mouvement, apprendre à poser le pied quand tu cours. ». C’est vraiment différent de ce que j’avais connu avant.
En quoi est-il différent ?
Je suis contente de m’entraîner avec lui car en plus d’être passionné, il sait ce qu’il dit. Il ne tâtonne pas. Il t’apporte des réponses. Parfois il y a des coachs que tu n’oses pas aller voir pour différentes raisons (fatigue…). Lui, il est à l’écoute, il est ouvert. Des fois, rien qu’en m’observant, il devine mon état de fraîcheur. Il est attentif à tout et ça me rassure.
D’ailleurs, cela s’est concrétisé au niveau des résultats avec des records qui sont tombés !
Même si ce n’est pas extraordinaire, j’ai battu mes records en plein air (13’’10 à Charlety en 2013) et en salle (8’’15 à Sopot en 2014). Je me sens beaucoup mieux.
Lors des dernières échéances, à chaque fois il y a un grain de sable qui est venu enrayer la machine (faux départ en 2013, chute aux jeux de la francophonie, grosse faute aux derniers mondiaux en salle), qu’est-ce qu’il te manque pour franchir un palier supplémentaire ?
Le plus important, c’est que je me fasse confiance. J’ai accumulé pas mal de blessures mais là tout va bien. Il faut donc que je me relâche.
Cette saison, tu t’entraînes avec Alice Decaux. Qu’est-ce que vous vous apportez mutuellement ?
On se connaît depuis 2003 et on a une belle complicité. Et pour moi c’est une motivation car elle est plus forte que moi que ce soit en vitesse ou en foncier.
Quels sont tes objectifs pour cette saison ?
Passer sous les 13’’ et conserver mon titre de championne d’Afrique à Marakech.
Pour finir, qu’est ce qui te fait avancer ?
Quand je rentre à Thiaroye au Sénégal, les enfants veulent me montrer ce qu’ils savent faire. Ils ont des qualités incroyables. Alors, ma motivation, tous les matins quand je me lève, c’est de penser à eux.
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