Dans l’Equipe du 31 mars 2009, David Ngog déclarait : « Il y a tout dans ce club pour progresser. C’est très enrichissant. Je suis jeune et j’ai encore besoin d’apprendre. J’essaie de franchir des palliers progressivement. »
Dans le football moderne, à chaque intersaison ce débat devient récurrent. Nos « meilleurs jeunes » partent jouer à l’étranger où on les prendra soi-disant plus en considération, là où ils pourront apprendre… Mais pour tous ceux-là, la réussite est loin d’être acquise.
Sur quelle base ?
La formation française est reconnue. D’ailleurs, des lois ont été erigées en ce sens pour la protéger. Sur le terrain, les résultats des sélections de jeunes plaident aussi en leur faveur (5 titres de champions d’Europe pour les moins de 19 ans, 1 titre de champion du monde en 2001 pour les moins de 17 ans). Ils ont su tirer profit du succès des séniors au mondial 1998. Les recruteurs se sont bousculés et se bousculent toujours sur tous les terrains de France. Les entraîneurs et formateurs se dressent d’ailleurs contre ces « pilleurs de jeunes talents ». Ils se plaignent sans arrêt de ne pas pouvoir lutter avec leurs homologues anglais, espagnol ou italiens. Mais lorsque l’on voit que le sélectionneur de l’équipe de France Espoir prend Dorian Dervite (D3 anglaise) Armand Traoré (Porsmouth qui lutte pour le maintien) cela n’incite pas un jeune à rester en France. Après tout, lorsqu’ils font le choix de s’exiler, à eux d’assumer leurs choix et leurs responsabilités. Et force est de constater que l’équipe de France espoirs n’a plus rien gagné depuis 1988, si ce n’est le tournoi de Toulon. Le vivier n’est donc pas si large qu’il n’y paraît. Alors cette réputation est-elle surfaite ?
Ils ont connu un échec cuisant…
Jérémie Aliadiére avait défrayé la chronique en quittant l’INF Clairefontaine pour rejoindre Arsenal à l’âge de 16 ans. Mais il n’ a jamais convaincu. Aujourd’hui, il végète à Middlesborough et lutte pour le maintien en Premier League. Mourad Meghni était le leader technique de la génération 1984 qui a remporté le titre mondial en 2001. Il fut lui aussi un temps catalogué comme futur « Zizou »… Parti très tôt à Bologne, il ne s’imposera jamais en série A. Pire, son retour en France à Sochaux passera quasiment inaperçu. Aujourd’hui, il évolue à la Lazio de Rome, loin, très loin de l’équipe de France… Anthony Le Tallec est lui aussi parti très tôt à Liverpool où il ne s’est jamais imposé. Après plusieurs clubs anglais, il est rvenu en France d’abord à Sochaux et maintenant au Mans. Aujourd’hui, à seulement 25 ans, il donne l’impression d’avoir ses meilleures années derrière lui… Nous en oublions d’autres comme Vincent Péricard, Garra Dembélé ou encore David Bellion…
Ils ont connu un échec ou succès relatif
Cela dépend de quel côté on se place. Après s’être longtemps demandé quel serait son avenir en premier league, Florent Sinama Pongolle est redevenu international A, après une bonne saison à l’Athletico Madrid, mais il demeure quand même le troisième choix derrière Forlan et Agüerro au sein de l’attaque madrilène. Abou Diaby est revenu d’une grave blessure avant de s’imposer progressivement dans l’entrejeu d’Arsenal. Mais il est loin d’avoir remplacé Patrick Vieira… Yohann Gourcuff quant à lui réalise une très grosse saison à Bordeaux, mais n’oublions pas qu’il sort de 2 saisons au Milan AC où il n’a pas beaucoup joué. Alors certains diront que ce sont justement ces 2 saisons qui lui servent pour accomplir ce qu’il réalise aujourd’hui, mais il n’empêche que Carlo Ancelotti n’en fait pas une de ses priorités pour la saison prochaine. Notons également que son entourage est de très bon conseil pour le guider dans sa progression.
Ils ont connu la réussite…
J’ai beau cherché, je n’en vois qu’un, mais j’en oublie certainement. Dans son cas, nous pourrions également parler de son entourage plus ou moins bon conseilleur. Mais lorsque l’on a du talent et un gros caractère, on peut s’imposer partout. Nicolas Anelka est cet homme là. Je vois déjà des poils se hérisser chez certains. Mais, ce joueur a toujours été sûr de sa force et même s’il a bourlingué dans toute l’Europe ( PSG, Arsenal, Real Madrid, Manchester City, Liverpool, Fenerbace, Bolton, Chelsea), il faut reconnaître que depuis son transfert à Arsenal, son talent ne s’est jamais monnayé à moins de 15 Millions d’euros. Et dans le football moderne, cela veut dire quelque chose…
Alors les jeunes font ils le bon choix en s’exilant ? Tous ces exemples montrent qu’au delà de leur talent, ils ont bénéficié d’une bonne formation footballistique pour attirer l’oeil des recruteurs étrangers. Mais cette formation, à mon humble avis a des lacunes. Youri Djorkaeff déclarait récemment sur RMC qu’il ne comprenait pas « pourquoi ces jeunes en arrivant à l’étranger acceptaient des choses, concurrence etc… qu’ils n’auraient jamais accepté en France. » Mais cela est compréhensible dans le mesure où après 5 matchs de Ligue 1 réussis, ils sont vite propulsés au rang de star (Ben Arfa) voire pour certains appelés en équipe de France(Hoarau, Giignac). A ce titre, quelque soit l’avis que l’on peut avoir sur la personnalité ou le niveau du joueur, Karim Benzema demeure un exemple, lui qui n’a jamais mis la pression sur ses dirigeants pour partir à une époque où il était en »pleine bourre ». Dans ses déclarations, il a toujours évoqué le désir de progresser avec l’Olympique lyonnais. Aujourd’hui, il est dans la tourmente, mais il ne pourra ressortir que grandi de cette mauvaise passe (en témoignent les 20 dernières minutes de France-Lituanie).